fannycampanromanci
- 4 oct. 2021
- 4 min de lecture

Quand je tiens salon ( Salon du Livre Africain de Paris 2021)

A l'époque de mon ancêtre Henriette Campan, première femme de chambre et biographe de Marie-Antoinette ( eh oui c'est de famille!), on organisait des salons qui réunissaient la haute société et dont les principes fondamentaux auraient pu tenir en trois expressions: maîtrise de soi, recherche du bon mot et divertissement lettré.

Eh bien la première édition du Salon du Livre Africain qui s'est tenue à Paris les 24, 25 et 26 septembre dernier m'a fait penser à un salon du XVIIIème siècle.

Enfin, dans une version multiculturelle et moderne.

La version parfaite, à mon sens.

D'abord parce que s'y pressait toute la société des amoureux de la culture noire. Samedi et dimanche après-midi, une queue de cinq mètres de long s'est rapidement formée devant la Mairie du VIème arrondissement où se tenait l'événement.

Tu vas me dire que ce phénomène peut s'expliquer par les conditions sanitaires dues à la pandémie de Covid 19 et tu auras en partie raison. Nous avons du respecter une jauge et les gestes barrières.

Mais surtout, il m'a paru évident que ce salon a enfin répondu à un besoin fondamental qui se fait sentir en France depuis des années, voire des siècles.

Les français ont envie de lire! Les français ont soif de renouer avec leur culture d'origine! Les français ont le désir de découvrir de nouveaux horizons! Et surtout, nous vivons actuellement dans une société métissée qui mérite d'avoir accès à toutes les cultures.

Pour moi qui ai enseigné la littérature française en Afrique, dans les Caraïbes et l'Océan Indien une bonne partie de mon existence, quelle satisfaction que celle de pouvoir enfin parler de littérature africaine en France.

Gros succès donc pour cette première édition et immense bonheur pour moi qui ait eu la chance de vivre l'expérience. Un grand merci à tous les acteurs de l'organisation du salon et surtout à toutes les personnes qui nous ont rejoint.

J'ai eu le bonheur de présenter mon roman "Sangs mêlés" à bon nombre de nouveaux lecteurs qui ont particulièrement apprécié la couverture faite par Constantin Payerne, graphiste Au Gendre Polymère au cours d'une séance de dédicaces le samedi après-midi. L'ambiance était super sympa entre les différents membres de ma maison d'édition, comme tu peux le constater sur la photo de cet article.

J'ai rencontré plusieurs auteurs et acteurs de la culture africaine en France et en Afrique. Ces échanges ont donné lieu à de nouveaux projets dont je te parlerai très bientôt . Je cite en particulier Fousseini qui a crée l'application Daya Histoire et Anthony, collègue auteur et journaliste chez Ziana TV. J'ai également répondu à une interview passionnante de l'équipe du blog Au Plaisir de Lire.

Le dimanche après-midi, j'ai eu l'honneur de modérer une table ronde sur le sujet "Comment l'héritage des premiers auteurs africains dialogue-t-il avec les jeunes romanciers contemporains?" à laquelle participaient mon amie auteure burkinabè Monique Ilboudo et M. Henri Djombo, romancier, dramaturge de la République du Congo.

Le meilleur de ces trois jours réside sans doute dans les retrouvailles surprises qui se sont jouées à l'occasion de ce rassemblement de la culture africaine en France. Pour commencer, mon amie d'enfance Ambre Delcroix, présidente de l'association Mokanda, animait le salon. Nous ne nous étions pas vues depuis la classe de sixième à Bamako!

J'ai également retrouvé plusieurs ami.e.s auteurs comme Laure Allard d'Adesky du Rwanda, Hella Feki de Tunisie ou encore Isabelle Jourdan de Ouagadougou. Mais aussi des cinéastes amoureux de l'Afrique comme Mouna Ndiaye ou encore Tancrède Ramonet.

J'ai vécu un moment d'émotion intense lorsque je suis allée me faire dédicacer les deux derniers romans de Fantah Touré, romancière franco-sénégalaise chez Présence Africaine, qui a été ma prof de littérature au Lycée Français Jean Mermoz de Dakar en Première et en Terminale. Et parmi les lecteurs, beaucoup de surprises également et des retrouvailles avec des ami.e.s venu.e.s me rendre visite de Bamako, Dakar ou encore Port au Prince.

Je suis revenue les yeux pleins d'étoiles et la valise pleine de livres dans lesquels j'ai hâte de me plonger.

Je te ferai des notes sur mes lectures au fur et à mesure. Tu les trouveras sur mes pages facebook et instagram.

Tu l'as compris, cette première édition m'a remplie de joie et regonflée à bloc. J'en ai tiré la conclusion que ma richesse principale réside dans mon parcours de globe-trotteuse et surtout dans le soutien inconditionnel que m'offrent mes ami.e.s des quatre coins du monde.

D'après les informations que j'ai pu glaner, le salon deviendrait peut-être une biennale et pourrait se tenir à l'avenir dans d'autres capitales africaines... A suivre!

Vive la littérature africaine, vivre le livre métis!

From Ouaga, with love.

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